Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

VIH et cancer : une équipe de l’AP-HP démontre l’efficacité de l’immunothérapie

Le réseau français CANCERVIH, coordonné par le Pr Jean-Philippe Spano, du service d’oncologie médicale de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et de Sorbonne Université, montre l’efficacité et la tolérance de l’immunothérapie sur la plus grande série mondiale de personnes vivant avec le VIH atteintes de cancer traitées en soins courants (hors essais cliniques). Des résultats publiés dans la revue AIDS qui ouvrent les perspective de traitement et représentent une grande avancée.
Le réseau français CANCERVIH, coordonné par le Pr Jean-Philippe Spano, du service d’oncologie médicale de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et de Sorbonne Université, montre l’efficacité et la tolérance de l’immunothérapie sur la plus grande série mondiale de personnes vivant avec le VIH atteintes de cancer traitées en soins courants (hors essais cliniques). Des résultats publiés dans la revue AIDS qui ouvrent les perspective de traitement et représentent une grande avancée. 
L’immunothérapie anti-cancéreuse repose sur l’utilisation d’anticorps qui lèvent l’inhibition entre les récepteurs des points de contrôle (ou « checkpoints ») du système immunitaire qui ont été détournés de leur rôle premier par les cellules cancéreuses à leur profit. L’utilisation d’anticorps de type anti-PD1 et anti-CTLA-4 a montré son efficacité par rapport à une chimiothérapie standard dans l’amélioration de la survie de patients atteints de mélanome métastatique et de cancer pulmonaire non à petites cellules localement avancé ou métastatique. Ces résultats ouvrent une perspective de traitement pour les patients atteints d’un cancer avancé.

Optimiser la prise en charge des patients avec le VIH atteints de cancer 

Les personnes vivant avec le VIH ont plus de risque de développer un cancer par rapport à la population générale. Toutefois, la plupart des essais cliniques d’immunothérapie excluent les patients qui ont des infections chroniques, y compris le VIH, en raison des potentiels risques d’exacerbation de l’infection ou de développement d’effets indésirables, liés au système immunitaire. L’efficacité et la sûreté de ce traitement n’ont été à ce stade que peu étudiées chez les personnes vivant avec le VIH chez qui les effets indésirables pourraient être accrus (pneumopathie, éruption cutanée, colite…).
Le réseau français CANCERVIH, soutenu par l’Institut National du Cancer (Inca), est dédié aux personnes vivant avec le VIH atteintes de cancer afin d’optimiser leur prise en charge. Chaque dossier est examiné et discuté lors des Réunions de Concertations Pluridisciplinaires (RCP) bimensuelles qui regroupent des experts de différentes disciplines.

En coopération avec l’AP-HM

Une équipe des services d’oncologie médicale et des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et de Sorbonne Université, dirigée par le Pr Jean-Philippe Spano, a inclus dans son étude observationnelle, menée en collaboration avec une équipe de l’AP-HM et d’Aix-Marseille Université, tous les patients pour lesquels une immunothérapie avait été préconisée en dehors d’un essai clinique. Elle a ainsi constitué la plus grande série mondiale de personnes vivant avec le VIH et atteintes de cancer traitées par immunothérapie dans le cadre de soins courants. Vingt-trois patients, de différents centres français, présentés à la RCP nationale bimensuelle du réseau CANCERVIH, ont été traités entre mai 2014 et janvier 2019 par un inhibiteur du point de contrôle immunitaire dans le cadre d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) ou d’un traitement compassionnel. 
Vingt-et-un patients présentaient un cancer pulmonaire non à petites cellules, un patient présentait un mélanome métastatique et un patient présentait un cancer de la tête et du cou. 21 patients ont été traités par l’anticorps monoclonal nivolumab anti-PD-1 et deux patients par l’anticorps monoclonal anti-PD-1 pembrolizumab.

Une bonne tolérance clinique et biologique

Tous les patients recevaient un traitement antirétroviral à l’initiation de l’immunothérapie. Un suivi rapproché sur le plan virologique a été effectué de manière régulière avec une numération des lymphocytes CD4 et une charge virale VIH. Les données rapportées par les différents centres référents ne montraient pas de changement significatif. Le recueil des effets indésirables montre également une bonne tolérance clinique et biologique, sans décès toxique, avec seulement deux effets indésirables de grade 3 dont un directement imputable à l’anti-PD1.
Sur le plan de l’efficacité, les patients ont bénéficié d’une évaluation radiologique régulière par scanner avec des taux de réponse et des durées de survie qui montrent un signal d’efficacité similaire à celui de la population générale. 

Deux autres projets en cours

Toutes ces données de vie réelle semblent montrer que l’utilisation de l’immunothérapie est envisageable en sécurité chez les personnes vivant avec le VIH atteintes de cancer.  Elles devront bien entendu être confirmées par les études cliniques.
Deux projets complémentaires sont en cours en France : la cohorte ANRS CO24 ONCOVIHAC (tout cancer, toute immunothérapie, toute ligne) pilotée par les Prs Jean-Philippe Spano et Olivier Lambotte à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et à l’hôpital Bicêtre AP-HP, et l’essai de phase II IFCT-CHIVA2 dédié patients atteints de cancers du poumon, dirigée par le Dr Armelle Lavolé  et le Pr Jacques Cadranel à l’hôpital Tenon AP-HP. 

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

L’ICI, nouveau temple de la cancérologie

Le CHU de Brest vient d’inaugurer son nouvel Institut de Cancérologie et d’Imagerie, surnommé ICI. Ce centre, promesse d’un hôpital centré sur l’humain et doté d’une technologie de pointe, est amené à devenir l’un des fers de lance européens dans le traitement du cancer, avec une capacité de 50 000 patients par an.

Dossier : La maladie de Parkinson 

Décrite pour la première fois dans An Essay on the Shaking Palsy (1817) par James Parkinson, un médecin anglais, la maladie de Parkinson, mentionnée souvent en abrégé « Parkinson », est une maladie neurodégénérative irréversible d’évolution lente. La maladie s’installe ainsi au cours d’une longue phase asymptomatique de plusieurs années. Les premiers symptômes ne se font en effet ressentir que lorsque 50 à 70% des neurones dopaminergiques du cerveau sont détruits. Ils se déclarent essentiellement progressivement sous la forme d’un tremblement de repos, d’un ralentissement des mouvements et d’une raideur musculaire. Néanmoins, de nombreux troubles moteurs et non moteurs peuvent s’ajouter à la liste, devenant de réels handicaps dans le quotidien de ceux qui la subissent.

Voici comment le CHU de Rennes agit pour contrer Parkinson

Ce jeudi 11 avril a lieu la Journée internationale de la maladie de Parkinson. L’occasion pour les CHU de valoriser leur implication sur ce sujet, notamment à travers les Centres Experts Parkinson (CEP) affiliés. Le Centre Hospitalier Universitaire de Rennes ne manque pas à l’appel, mettant en valeur des actions qui garantissent à la fois une offre diagnostique simplifiée et une prise en charge multidisciplinaire, adaptée au profil de chaque patient.

L’IHU toulousain dédié au vieillissement officiellement lancé

L’Institut Hospitalo-Universitaire HealthAge a officiellement été lancé le 2 avril à Toulouse. Porté par le CHU, l’Inserm et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, cet IHU, le seul exclusivement dédié au vieillissement en France, se donne pour ambition de contribuer au vieillissement en bonne santé des populations et de devenir le centre de référence européen en Géroscience.

Un patient Parkinsonien entreprend le tour du monde à la voile 

Le 10 septembre dernier a retenti le “top départ” des quatorze monocoques participant à l’Ocean Globe Race 2023, une course à voile en équipage autour du monde. A bord du voilier Neptune, deux personnages : le Dr Tanneguy Raffray, ophtalmologue à la retraite, et Bertrand Delhom, ancien moniteur de voile atteint de la maladie de Parkinson. Leur aventure, jalonnée de nombreux défis, est suivie de près par plusieurs professionnels de santé du CHU de Rennes, dont l’avis est à entendre dans le podcast “Qui ose vivra !”