Le service de dermatologie et dermatologie pédiatrique du CHU de Bordeaux est un des rares à offrir une prise en charge complète du vitiligo, à la fois médicale et chirurgicale (avec greffe de mélanocytes) ainsi que des ateliers de maquillage. Cette expertise est confortée par son rôle de coordinateur du Centre de Référence des Maladies Rares de la Peau (CRMRP), les différentes recherches conduites par l’unité et la coopération nouées avec les représentants des patients dont l’association Française du Vitiligo. Reconnue par les spécialistes internationaux, l’équipe du Professeur Alain Taieb a été sollicitée par la célèbre revue Lancet pour faire le point sur la maladie. L’article rédigé par le Dr Khaled Ezzedine vient d’être publié. Le dossier met en avant les nouvelles pistes de recherche thérapeutique issues de la recherche fondamentale. Revue de détails…
Le vitiligo est une maladie de l’épiderme qui se caractérise par des taches blanches (dépigmentation) qui apparaissent et s’étendent sur n’importe quelle partie de la peau. Ce défaut pigmentaire atteint surtout le visage, les extrémités, les articulations et les zones de frictions. Sa fréquence est estimée à 1 % de la population générale sans prédominance de sexe ou de race. Son origine reste mal connue même si l’on dit désormais qu’il faut la combinaison de plusieurs facteurs pour développer la maladie dont un risque de transmission familiale clairement identifié dans des études récentes.
Quelle prise en charge au CHU de Bordeaux ?
Le service de dermatologie et dermatologie pédiatrique du CHU de Bordeaux prend en charge depuis de nombreuses années les patients atteints d’un vitiligo et suit à ce jour une cohorte de plus de 1 500 patients. Actuellement, le vitiligo est intégré dans les pathologies identifiées de façon prioritaire au sein du Centre de Référence des Maladies Rares de la Peau (CRMRP) coordonné par le Professeur Alain Taieb, chef de service de dermatologie et dermatologie pédiatrique du CHU de Bordeaux. « La consultation auprès d’un patient atteint de vitiligo est une consultation longue qui est un temps d’écoute, d’échange, d’explications sur la maladie. Ce temps est nécessaire à la bonne compréhension de la maladie par le patient qui est une garantie de la bonne application des conseils et traitements, mais aussi compréhension par le médecin de la douleur morale des patients face aux difficultés engendrées par leur maladie. » Dr Khaled Ezzedine, responsable du centre de référence des maladies rares de la peau du CHU
Recherche
Etude en cours
Le vitiligo peut représenter un vrai handicap sur le plan social et professionnel. Pour cette raison, le service a conduit une très large étude, en lien avec l’Association Française du vitiligo, sur le fardeau de la maladie qui a impliqué plus de 300 patients. Les résultats de cette étude seront probablement publiés au cours de l’année 2015.
Des recherches fondamentales sur le vitiligo (INSERM U1035) sont aussi au Centre de Référence des Maladies Rares de la Peau.
Essais cliniques
Le service de dermatologie du CHU de Bordeaux travaille en étroite collaboration avec l’Association Française du Vitiligo et les autres associations de malades dans le monde, partenaires du Special Interest group on Vitiligo de la fédération internationale des sociétés des cellules pigmentaires (IFPCS).
Ce groupe organise des réunions internationales (Washington 2005, Sapporo 2008, Bordeaux 2011, Singapour 2014 ) pour confronter les expériences des chercheurs, dermatologues et patients, dans l’objectif d’améliorer la compréhension de la maladie et, en parallèle, ses traitements.
Deux essais cliniques sont prévus dans le centre de référence en 2015 et des avancées sur la compréhension des mécanismes du vitiligo ont été réalisées par l’équipe de recherche du service.
Publication internationale dans le Lancet
Récemment le Dr Khaled Ezzedine, responsable de la prise en charge du vitiligo dans le service dermatologie du CHU de Bordeaux, a publié une revue générale sur la maladie et présenté les nouvelles voies thérapeutiques issues de la recherche fondamentale dans le Lancet, journal d’audience internationale. Cette publication a été commandée directement par le magazine scientifique qui souhaitait mieux informer la communauté médicale sur le vitiligo ; maladie qui reste encore peu connue et mal prise en charge par les médecins.
Un projet culturel autour du vitiligo
Une résidence d’artiste verra le jour courant 2015 au sein du service de dermatologie du CHU de Bordeaux en lien avec la direction de la communication et de la culture. Ce projet de recherche et de création autour de la maladie du Vitiligo est conçu en collaboration avec les patients et le personnel soignant. Ce projet, pensé par l’artiste plasticienne Sarah Connay, est mené en partenariat avec l’Agence Créative pour l’art contemporain.
En savoir plus sur l’origine de la maladie
Le vitiligo s’associe de façon préférentielle à certaines maladies auto-immunes dont la plus fréquente est représentée par les maladies de la thyroïde. L’extension de la maladie est très variable, depuis des formes localisées de très faible étendue (les plus fréquentes) aux formes plus importantes dans lesquelles l’ensemble de la peau peut être dépigmentée.
La communauté dermatologique sépare cette maladie en 2 entités :
. le vitiligo segmentaire
. le vitiligo généralisé ou non-segmentaire
Cette distinction est importante car elle détermine le choix du traitement. Le vitiligo a longtemps été confondu en Inde ou en Afrique avec la lèpre. Par ailleurs, certaines études dans des populations moyen-orientales montraient la stigmatisation des patients atteints de vitiligo avec un retentissement certain sur la sexualité.