A Québec, un nouveau complexe hospitalier sur le site de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus verra le jour de 2019 à 2025. Il regroupera les activités cliniques de cet établissement et celles de l’Hôtel-Dieu de Québec (CHU de Québec). Il abritera également le nouveau centre de radio-oncologie, un centre de sciences neurologiques et une nouvelle hôtellerie hospitalière. Au terme des travaux, le nouveau complexe d’une superficie de 233 000 m² comptera environ 740 lits et emploiera plus de 6 000 personnes. Ce projet conduit dans un esprit collaboratif a, dès son lancement, tenu compte de l’avis des habitants du quartier au travers de modes de participation inédits pour un programme de cette ampleur comme par exemple l’organisation d’une consultation citoyenne. Dans le même esprit, un comité de bon voisinage verra le jour dans quelques mois. Les explications de Jacques Émond, directeur à la Direction clinique du nouveau complexe hospitalier.
Depuis la décision du ministre de la Santé et des Services sociaux, annoncée le 26 septembre 2013, des centaines de cliniciens, médecins et gestionnaires, des deux hôpitaux, de même que des patients, se mobilisent pour définir la future organisation clinique. Les approches les plus innovantes sont sollicitées comme le principe lean, la conception intégrée au plus près des besoins cliniques. Les équipes repensent ensemble l’hôpital et son organisation en tenant compte des liens de proximité essentiels entre les disciplines et des besoins des patients invités eux aussi à s’exprimer dès cette phase exploratoire. L’objectif est d’optimiser l’organisation du travail, dans le respect de l’échéancier et de l’enveloppe budgétaire.
Autre action originale conduite dans le cadre des études urbaines, la consultation des citoyens du quartier Maizerets bien avant la première esquisse du premier bâtiment. Ces résidents du secteur ont été conviés, le 27 mai 2015, à une séance de consultation afin de leur présenter les résultats des études préparatoires et d’entendre leurs préoccupations quant à l’intégration du nouveau complexe hospitalier au quartier. Pour comprendre l’esprit de la démarche Réseau CHU a interrogé les porteurs du programme clinique.
Réseau CHU : Les résidents ont-ils vraiment leur mot à dire sur un projet d’une telle ampleur ?
Jacques Émond : Tout le travail effectué jusqu’à maintenant s’est fait sur la base de la consultation dans un esprit collaboratif. Si l’expertise interne et le point de vue des patients sont indispensables à l’avancement des travaux, il faut également se préoccuper de facteurs environnementaux, d’intégration, de la circulation, etc. Appliquant le principe de conception intégrée, en conformité avec l’approche lean, la réalisation de près d’une dizaine d’études a été confiée à des firmes spécialisées. Les informations qu’elles contiennent alimentent et orientent la prise de décision, tout comme les commentaires qui ont été recueillis lors de la consultation citoyenne*, afin d’en arriver à une construction hospitalière répondant aux besoins des patients et qui soit la plus efficace possible en terme de bâtiment intégré au quartier. Les études scientifiques effectuées par des experts en intégration urbaines sont un diagnostic sur le quartier et sur l’intégration de la nouvelle construction au quartier. Ce diagnostic présentait plusieurs pistes d’opportunités pour le développement du quartier, mais également des enjeux. Nous voulions donc entendre les citoyens sur le diagnostic posé, savoir s’il correspond à leurs préoccupations. Nous voulions aussi les entendre sur les points auxquels nous n’aurions pas pensé. Leur opinion est très importante pour nous afin que le nouveau complexe hospitalier s’intègre le mieux possible au quartier.
Réseau CHU : Quelle est leur influence ?
Jacques Émond : Les préoccupations qui ont été entendues lors de la rencontre citoyenne seront prises en considération pour assurer une intégration du nouveau complexe hospitalier la plus harmonieuse possible au quartier. Tout a été noté. La grande majorité des aspect soulevés par les citoyens faisaient déjà partie de notre diagnostic. Leurs commentaires sont venus confirmer les points sur lesquels nous devons porter une attention particulière.
Réseau CHU : Quelles sont leurs préoccupations ?
Jacques Émond : Dans un premier temps, tous les citoyens présents se sont réjouis que nous prenions la peine de leur présenter un tel diagnostic sur le quartier et de les consulter avant de faire les plans. Leurs principales préoccupations ont porté sur la circulation, le stationnement dans le quartier, les bruits et la poussière engendrés par la construction, l’ensoleillement des rues avoisinantes, le déplacement possible du débarcadère – actuellement dans une rue résidentielle – ainsi que le maintien et l’augmentation des espaces verts avoisinant l’hôpital.
Réseau CHU : Quelles nuisances redoutent-ils le plus ?
Jacques Émond : La circulation, le stationnement dans le quartier, les bruits et la poussière engendrés par la construction.
Réseau CHU : Quels sont leurs enthousiasmes ?
Jacques Émond : Les opportunités que cette nouvelle construction amène pour le développement du quartier, autant pour le développement de l’offre pour des commerces de proximité que pour des lieux verts et de socialisation. Le nombre d’employés qui augmentera dans le secteur amènera une activité commerciale et un développement du quartier très intéressant.
Réseau CHU : Comptez-vous les associer au développement du projet et si oui de quelle manière ?
Jacques Émond : Les résidents du quartier seront consultés régulièrement, notamment aux étapes charnières. De plus, un comité de bon voisinage où siègeront des représentants du conseil de quartier sera formé. Un site Internet est en ligne où les citoyens peuvent retrouver les renseignements en lien avec l’évolution du projet, de même que des documents expliquant le projet. Notamment, le document sur les études urbaines. http://www2.chudequebec.ca/accueil/nouveau-complexe-hospitalier/index.html. Les résidents ont également la possibilité de nous écrire à l’adresse courriel : nch@chudequebec.ca
Réseau CHU : Quelle est la valeur ajoutée de leur participation ?
Jacques Émond : Nous privilégions une dynamique de consultation de toutes les parties prenantes dans un esprit collaboratif. Si l’expertise interne et le point de vue des patients sont indispensables à l’avancement des travaux, il faut également se préoccuper de facteurs environnementaux, d’intégration, de la circulation. L’opinion des citoyens du quartier est très importante pour nous afin que le nouveau complexe hospitalier s’intègre le mieux possible au quartier et qu’il soit un facteur de développement positif.
Réseau CHU : Quelles actions originales seront conduites avec eux ?
Jacques Émond : C’est l’ensemble de la démarche, basée sur la méthode lean qui est originale puisque c’est une première au Québec, mais également une première au Canada pour un si gros projet. D’autres projets plus petits (ex. : ajouts d’une aile à un hôpital existant) ont déjà été conduits dans cet esprit dans les hôpitaux de l’ouest Canadien. À notre connaissance, c’est la première fois que les citoyens sont consultés pour un tel projet AVANT que les plans soient conçus afin d’intégrer leurs préoccupations dans la solution immobilière qui sera présentée. Habituellement, les citoyens sont très peu consultés ou le sont lors de la présentation des plans définitifs ou encore, lorsque la construction débute afin de les aviser du début et des inconvénients des travaux.
Marie-Georges Fayn
* la consultation citoyenne s’est déroulée le 27 mai dernier, de 19h à 21h au Centre communautaire Monseigneur Marcoux, au coeur du quartier. Les citoyens ont été conviés à assister à une présentation des études urbaines effectuées à ce jour afin d’entendre leurs préoccupations en lien avec ces études et le diagnostic des études. Environ 50 citoyens se sont présentés à la consultation publique. Ils ont posé leurs questions, exprimé leurs préoccupations. Tous les citoyens présents se sont réjouis de voir le CHU prendre la peine de leur présenter un tel diagnostic sur le quartier et de les consulter avant de dresser les plans. Leurs principales préoccupations ont porté sur la circulation, le stationnement dans le quartier, les bruits et la poussière engendrés par la construction, l’ensoleillement des rues avoisinantes, le déplacement du débarcadère ainsi que le maintien et l’augmentation des espaces verts avoisinant l’hôpital.
Vidéos présentant la méthode lean adoptée pour la conception du nouveau complexe hospitalier
Vidéo 1 : https://youtu.be/2WF7oYrxwmg?list=PLUJSiLF351619sYKuMtMmQH5Uux_s_k4l
Vidéo 2 : https://youtu.be/igWlQY82CQQ?list=PLUJSiLF351619sYKuMtMmQH5Uux_s_k4l
Vidéo 3 : https://youtu.be/W3uVac4Ubyo?list=PLUJSiLF351619sYKuMtMmQH5Uux_s_k4l
Pour toute précision contacter
Geneviève Dupuis
Directrice adjointe des communications et du rayonnement
CHU de Québec
418 525-4387
genevieve.dupuis.cha@ssss.gouv.qc.ca
Pour les CHU, le spectre de l’impasse financière
Dans un communiqué rendu public ce lundi 2 octobre, la Conférence des Directeurs Généraux de CHU s’alarme de la mauvaise situation financière des CHU français, imputable selon elle aux surcoûts en termes de ressources humaines et aux effets de l’inflation. Et redoute une dégradation rapide si l’Etat ne fait rien.