Cardio – Campagne « infarctus : la course pour la vie»

Pourquoi les personnes victimes d’un infarctus du myocarde tardent-elles à appeler les secours ? Cette question, les urgentistes et les cardiologues sont nombreux à se la poser après avoir lu les résultats de l’étude européenne "Stent for life"*. Lancée dans 6 pays pilotes où le taux d’angioplasties primaires est inférieur à 300 par million d’habitants, l'étude s'est déroulée en France en novembre 2010 auprès de 200 personnes victimes d’une crise cardiaque. L’enquête révèle qu’entre l’appel du malade et le premier contact médical direct, il s’écoule un peu plus d’une heure !

Pourquoi les personnes victimes d’un infarctus du myocarde tardent-elles à appeler les secours ? Cette question, les urgentistes et les cardiologues sont nombreux à se la poser après avoir lu les résultats de l’étude européenne "Stent for life"*. Lancée dans 6 pays pilotes où le taux d’angioplasties primaires est inférieur à 300 par million d’habitants, l’étude s’est déroulée en France en novembre 2010 auprès de 200 personnes victimes d’une crise cardiaque. L’enquête révèle qu’entre l’appel du malade et le premier contact médical direct, il s’écoule un peu plus d’une heure !  « Nous étions persuadés qu’en France comme en Haute-Garonne, explique le Dr Ducassé, les gens contactaient naturellement le SAMU. Or seule une personne sur deux à ce réflexe.» Un terrible constat qui a décidé la Société Française de Cardiologie, la Société Française de Médecine d’Urgence et le SAMU à lancer une campagne « Infarctus : la course pour la vie » afin de sensibiliser le public à la nécessité d’appeler le 15 dès les premiers symptômes : une douleur à la poitrine qui serre fort, associée à une angoisse, des sueurs, des nausées et une sensation d’étouffement. « En cas d’infarctus du myocarde, le résultat de l’intervention dépend de la rapidité de l’alerte. » insiste le Dr Ducassé. La campagne vise aussi à sensibiliser la professionnels à la nécessité de définir un circuit court optimal sans intermédiaire entre le 15, l’intervention du SAMU et la salle de cathétérisme.
L’enquête a également montré que dans 80 % des cas, les malades ne connaissaient pas les facteurs de risque : 43% sont liés à l’hypertension ; 21% au diabète ; 45% au tabagisme et 20% à l’obésité. Quant aux 20 % de malades davantage sensibilisés, il s’agissait de patients ayant déjà connu une alerte.

*L’étude "Stent for life" (un ressort pour la vie) débouche sur une campagne à l’attention du grand public et la communauté médicale "Infarctus : la course pour la vie"

Pour comprendre les disparités européennes dans la prise en charge de syndromes coronariens et améliorer le parcours des patients victimes d’un infarctus du myocarde en phase aiguë l’European Association of Percutaneous Cardiovascular Interventions (EAPCI) a lancé le projet "Stent for Life" parallèlement dans 6 pays pilotes où le taux d’angioplasties primaires est inférieur à 300 par million d’habitants. L’étude porte sur 5 départements représentatifs du territoire : le Nord, l’Essonne, La Haute-Savoie, la Côte d’Or et la Haute-Garonne. La coordinatrice du projet en France est le Professeur Martine Gilard, cardiologue au CHU de Brest. Les résultats montrent que moins de 50 % des français appellent le 15 lorsqu’ils ressentent les symptômes de l’infarctus du myocarde (IDM) et que peu de patients bénéficient du circuit thérapeutique le plus efficient.
Pour sensibiliser les patients potentiels aux bons réflexes et la communauté médicale à la nécessité d’organiser un parcours de soins optimal, la campagne "Infarctus : la course pour la vie" cible le grand public ainsi que les médecins généralistes et cardiologues de ville. Elle se décline en application iPhone Douleurs cardiaques et brochure grand public,  affiches pour les salles d’attentes des médecins et newsletter à l’attention des praticiens.
L’impact de ces messages sera évalué en novembre 2011 dans le cadre d’un nouvel observatoire.

Une chaîne des soins plus efficiente

L’appel au 15 permet dans un premier temps de bien identifier le problème, car toute douleur ne signifie pas forcément qu’un infarctus se prépare. Une fois le diagnostic posé, le compte à rebours démarre. C’est une course pour la vie. Tous les délais d’intervention sont réduits et une orientation directe et efficace est effectuée. L’ambulance du SAMU se rend auprès du patient et l’équipe accomplit les premiers gestes d’urgence. « L’appel au 15, confirme Didier Carrié, chef du service cardiologie de Rangueil, responsable de l’unité hémodynamique et cardiologie interventionnelle, évite de passer par un circuit long : généraliste, cardiologue, etc. Le 15 envoie directement le malade en cardiologie et hémodynamique. Or, plus vite on débouche l’artère et meilleur sera le pronostic. Et, bien sûr, plus on attend, plus les dégâts au niveau du muscle cardiaque sont irréversibles. Après trois heures, le pronostic est beaucoup plus péjoratif. La cellule ne récupère plus, une partie du cœur meurt et le malade fait de sérieuses complications. »
L’intervention d’urgence conduit à déboucher les artères par angioplastie, à l’aide d’un petit ballonnet, puis à mettre en place un stent, un petit tuteur qui évite à l’artère de se reboucher, d’où le choix du thème « Stent for life».
« Dans 60 à 70 % des cas, ajoute Didier Carrié, l’étude montre que l’on peut faire une angioplastie. Lorsqu’on est loin d’un centre d’intervention, médecin urgentiste réalise une fibrinolyse par voie intraveineuse, durant la prise en charge pré-hospitalière. Un acte moins efficace que l’angioplastie, mais qui laisse le temps d’effectuer le transfert du malade vers un centre interventionnel. »
Pour le Pr Carrié et le Dr Ducassé, seule « la co-mobilisation médicale permet d’améliorer tout le circuit ». Une réflexion en interne a été entreprise, associant les cardiologues aux urgentistes du SAMU 31. Objectif : placer le patient qui appelle au centre d’une prise en charge optimisée qui réduit tous les délais et permet la réalisation la plus précoce possible d’une angioplastie coronarienne.
D’après un article de paru dans Trait d’union, journal interne du CHU de Toulouse – été 2011

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