Le CHU et Ballet de Lorraine ensemble pour un «Juste aux corps»

Ce midi, les usagers du self de l’hôpital sont nombreux. Suivant des rites intimes, ils s’installent, seuls ou en groupes, pour profiter de la pause repas. Soudain, les visages se figent. Certains viennent de capter un son bizarre qui rompt le brouhaha habituel. Du bruit ? De la musique ? Les conversations s’interrompent. De minces silhouettes envahissent l’espace et se glissent dans les rangées en bouleversant les codes. Les têtes se penchent, les cous se tendent. « Qu’est-ce que c’est ? »

En ce midi, les usagers du self de l’hôpital sont nombreux. Suivant des rites intimes, ils s’installent, seuls ou en groupes, pour profiter de la pause repas. Soudain, les visages se figent. Certains viennent de capter un son bizarre qui rompt le brouhaha habituel. Du bruit ? De la musique ? Les conversations s’interrompent. De minces silhouettes envahissent l’espace et se glissent dans les rangées en bouleversant les codes. Les têtes se penchent, les cous se tendent. « Qu’est-ce que c’est ? » Éparpillés dans le self, des corps dessinent des arabesques, d’autres se plantent en un grand écart vertical inouï, certains font des portés majestueux pendant que d’autres s’étirent sur le sol. Les portables sont sortis pour fixer l’instant. Certains habitués des lieux préfèrent regarder leur assiette comme si de rien n’était. Tout va bien ! Pourtant quelque chose d’inédit se passe. Du jamais vu dans cet espace professionnel hospitalier. Deux mondes se rencontrent. Deux univers font tomber les frontières pour se rapprocher. La musique s’affirme en même temps que les danseurs du Ballet de Lorraine s’approprient cette scène insolite. Ils montent sur les tables, jouent avec les chaises pour oser finalement inviter des personnels de l’hôpital à partager une danse improvisée. Les visages se détendent, les sourires apparaissent enfin, les applaudissements éclatent. Tout le monde est satisfait. Surpris, intrigués, dérangés, enthousiasmés peut-être mais pas indifférents. C’est l’objectif de ce premier partenariat culturel entre le CHU de Nancy et le Ballet de Lorraine baptisé « Juste aux corps » qui a reçu le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles.
Concrétisé par une convention dûment signée par les responsables de chaque institution, l’opération va se prolonger jusqu’au mois de juin. Durant les semaines à venir diverses rencontres vont permettre cette rencontre entre les corps des danseurs portés par le libre mouvement chorégraphique mis au service de l’art. Celui des hospitaliers guidés par des gestes professionnels, dévoués à l’accueil et au suivi des patients. Celui des malades, ponctuels ou chroniques, fragilisés et hospitalisés toujours trop longtemps. C’est la valse des corps au CHU de Nancy. Sportifs, entretenus, montrés pour les uns. Uniformisés, badgés, dissimulés pour les autres. Dévoilés, allongés, coincés pour les troisièmes. La distance entre eux semblait infranchissable à ceux qui pensent un peu vite que les hommes d’aujourd’hui sont bien rangés sur des étagères formatées.

Tous les mois, des séances proposant une prise de conscience du corps et des exercices d’improvisation solo ou en groupes sont ouvertes aux jeunes patients volontaires et aux équipes soignantes de l’unité de pédopsychiatrie du Centre Psychothérapique de Nancy – Laxou hébergée à l’hôpital d’enfants du CHU de Nancy. A l’hôpital d’enfants, des danseurs ont participé à l\’émission diffusée sur la chaîne de télévision interne Télé 8 : courtes séquences de danse participatives pour les téléspectateurs en herbe et reportages présentant la compagnie lorraine ont entrecoupé les interviews faites par les enfants. A la fin de la journée, ils ont rendu visite aux enfants dans les chambres. Autre public, autre approche : début mai, la participation aux ateliers transgénérationnels associant parents et familles des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer et mis en place au CHU de Nancy depuis 2009. Dans le cadre du jardin à visée thérapeutique « art, mémoire et vie », un atelier de danse-contact sera ouvert aux patients et leur famille encadré par une quinzaine de danseurs. Des impromptus dansés clôtureront l’après-midi. Pour terminer ce programme, fin juin, le parvis du Bâtiment des spécialités médicales Philippe Canton sera investi par l’ensemble de la compagnie du Ballet de Lorraine et invitera les patients, les équipes hospitalières et le grand public à danser tous ensemble autour des barres d’exercice qui seront installées exceptionnellement dans l’enceinte de l’hôpital.

Comme l’écrit Christophe Béranger, danseur associé au projet : « La Danse contemporaine vient chercher au plus près de l\’Homme les émotions qui l\’inspirent. Libérée des mots et consciente des normes du corps, elle imagine d\’autres chemins et schémas corporels. Elle modifie la perception des corps, engendre de nouvelles émotions et de nouveaux gestes. A l\’hôpital, nous ferons du corps en souffrance, un corps qui danse. »

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