Un petit mot accompagne l’ouvrage «regard positif, suffisamment rare pour être remarqué, nous met du baume au coeur». De quoi s’agit-il ? De la dernière enquête de Dominique Labarrière, auteur de 19 ouvrages policiers et politiques&. Cette fois-ci, ses investigations le conduisent à l’hôpital et pas dans n’importe lequel, à la Pitié-Salpêtrière, plus grand hôpital européen, « ville dans la ville ». Et pour changer il ne traque pas la mort mais la vie ! le combat des équipes pour la vie ! Il leur doit d’avoir survécu à un AVC en 2001 alors pour remercier il écrit un livre, un guide plus exactement.
Au départ le lecteur sent l’entreprise risquée : Trente-huit hectares, soixante-dix bâtiments, le tout dans une architecture qui remonte au 17ème siècle ou se projette sans complexe dans le 3ème millénaire. Chiffres extravagants auxquels il faut ajouter les habitants du lieu : près de sept mille personnes y travaillent, dont mille cinq cent dix huit médecins. En comptant les milliers d’étudiants, d’élèves, de fournisseurs on recense chaque jour quatorze mille personnes sur le site. Sans oublier 800 clochards et autres rencontres alternatives.
Le nombre de passages de patients et visiteurs atteint aussi des sommets : plus de cinq millions par an. A tout bout de champ des malades affluent aux urgences pour des tragédies ou des peccadilles.
On imagine donc l’exercice périlleux, il se révèle salvateur. Dominique Labarrière regarde l’hôpital sans réforme en tête. Comme ceux qui y travaillent ou s’y rendent par nécessité, il le découvre tel qu’il est : derrière son enceinte, un territoire ami où se réfugient la souffrance, l’angoisse et la solitude de la ville. Un univers de haute technologie où des professionnels de talent sauvent des vies ou allègent la douleur, où des cerveaux de génie repoussent les frontières du curable, parfois sur le fil du rasoir& Un service où l’homme sublime sa condition. Sans emphase, les équipes réalisent des miracles au quotidien. A la lecture de certains témoignages on en vient même à penser que revenir à son poste, jour après jour pour résister pied à pied au travail de sape de la grande faucheuse n’est pas le moindre des prodiges.
« L’hôpital public honore notre pays » écrit l’ancien malade et son livre en est une belle démonstration.
Marie-Georges Fayn
Labarrière Dominique, Corps et âme, Editions la table ronde, avril 2006, 240 pages, 17 euros