Jeudi 2 décembre 2010, la salle parée de rouge et d’or du Casino de Paris a servi d’écrin aux Victoires de la médecine. Organisée sous le parrainage du Professeur Alain Carpentier et en présence de Xavier Bertrand, ministre de la Santé, de l’Emploi et du Travail, la cérémonie a mis en lumière les grands noms de la médecine française et permis aux 1 000 praticiens présents dans la salle de découvrir les toutes dernières avancées thérapeutiques dans 6 disciplines : Cancérologie, Cardiologie, Chirurgie, Neurologie, Technologie médicale et Réseaux de soins.
Retrouvez l’édition spéciale des Victoires de la médecine 2010 sur Hospi TV.
Coup de chapeau à Alain Carpentier
Que sont-ils devenus ?
« Je vous invite à feuilleter l’album des Victoires de la médecine, vous reconnaitrez les pionniers de la médecine française qui ont su transformer une idée de génie, une recherche en avancée thérapeutique au bénéfice de tous » Marina Carrère d’Encausse, journaliste
Les spécialistes distingués lors des précédentes éditions des Victoires de la médecine ont expliqué le bénéfice de ce trophée : un encouragement, une stimulation pour eux et pour leur équipe et aussi une meilleure lisibilité institutionnelle, un coup de pouce pour des dotations rapidement débloquées alors qu’elles tardaient à arriver, une large diffusion de leur innovation et un plus grand rayonnement régional, national voire international de leur unité. Les jeunes séniors : Le Pr Gilles Calais du CHU de Tours (Cancérologie), le Pr Alain Cribier du CHU de Rouen (Cardiologie), le Pr Hugues Duffau du CHU de Montpellier (Chirurgie), le Pr Alim Louis Benabid du CHU de Grenoble (Neurologie) et le Pr Afshin Gangi et le Dr Xavier Buy du CHU de Strasbourg (Technologie) ont accueilli le lauréat de leur discipline sur la scène, symbolisant ainsi la transmission du savoir – socle sur lequel est fondé l’enseignement de la médecine en France.
« Avant d’être reconnues comme des thérapies innovantes, désormais largement diffusées et standardisées, de nombreuses , célébrées ce soir étaient, à l’origine, des programmes hospitaliers de recherche clinique » Jean-François Lemoine, journaliste
Le palmarès établi par vote électronique des médecins présents dans la salle
Les lauréats
CANCEROLOGIE
Lauréat : Dr Sylvain Morinière – CHU de Tours
Un nouveau robot pour opérer les cancers ORL par la bouche
Nominé : Dr Jacques Guyotat – Hôpital Neurologique de Lyon
Rendre des tumeurs cérébrales fluorescentes pour mieux les opérer
Le glioblastome est la tumeur cérébrale primitive la plus fréquente. Maligne, elle pose un réel défi aux neurochirurgiens car elle est « infiltrante ». Il est difficile de la repérer à l’oeil nu puisqu’elle se niche au coeur du tissu cérébral. Pour améliorer la qualité des résections, le Dr Guyotat a adapté une technique allemande fondée sur la fluorescence. Le patient ingère une poudre qui, une fois digérée et passée dans le sang, rend la tumeur fluorescente. A l’aide d’un microscope adapté, le chirurgien repère alors toute l’étendue de la tumeur.
CARDIOLOGIE
Lauréat : Pr Jean-Pierre Favre et Dr Marco Vola – CHU de Saint-Etienne
Monitorage myocardique par microdialyse peri-opératoire en chirurgie cardiaque
Nominé : Pr Thierry Patrice – CHU de Nantes
Un nouveau test pour mesurer la résistance d’un individu à l’oxydation
L’équipe du Pr Thierry Patrice a mis au point un test mesurant la résistance d’un individu à l’oxydation dans différentes situations cliniques où les défenses anti-oxydantes sont justement affectées (cancers, diabète, infarctus…). Chaque personne a une capacité différente à résister à l’oxydation variant en fonction des périodes, du vieillissement, et évidemment de son état de santé. Grâce à la mise au point de ce test, il est aujourd’hui possible de savoir très précisément lorsque ces défenses sont dépassées et donc, éventuellement, de mettre en place une médication anti-oxydante adaptée aux besoins du patient. Ce nouveau test permettra, pour la première fois, de quantifier très finement cette résistance aux espèces oxydantes, individu par individu et d’imaginer, pourquoi pas, des nouveaux agents anti-oxydants.
CHIRURGIE
Lauréat : Pr Stéphan Haulon – CHRU de Lille
Une nouvelle prothèse mutlibranches adaptable à tous les anévrismes de l’aorte
Nominé : Pr Laurence Kessler – Hôpitaux Universitaires de Strasbourg
Greffe combinée de poumon et d’îlots pancréatiques dans la mucoviscidose
La mucoviscidose est une maladie mortelle affectant à la fois les capacités respiratoires et le système digestif (diabète). Si la greffe des poumons permet de prolonger la vie des patients dont les capacités respiratoires propres arrivent à terme, elle ne règle pas le problème du diabète. Problème qui tend à s’aggraver après la greffe. La solution du Pr Kessler, c’est la double greffe poumons et ilots pancréatiques. Juste après la greffe de poumon, le patient reçoit du même donneur les cellules du pancréas qui vont l’aider à juguler son diabète. La transplantation de ces ilots pancréatiques est moins lourde qu’une greffe des poumons car elle s’opère par l’implantation d’un cathéter sous anesthésie locale.
NEUROLOGIE
Lauréat : Dr Pascal Derkinderen – CHU de Nantes
Le tube digestif, une fenêtre ouverte sur le cerveau dans la maladie de Parkinson
Nominé : Dr Stéphane Guétin et Pr Jacques Touchon – CHRU de Montpellier
La musicothérapie, une approche non médicamenteuse innovante dans Ie domaine de la neurologie et de I’algologie.
Aujourd’hui, les traitements non médicamenteux pour gérer la douleur et le stress des patients sont insuffisants. Ce sont des traitements d’autant plus nécessaires dans des maladies à douleur chronique (la fibromyalgie) ou à forte incidence psycho-comportementale (Alzheimer). Face à ce constat, le Dr Guétin a standardisé une méthode de relaxation par la musique disponible à l’hôpital et à domicile. Des compositeurs aux différents styles musicaux (classique, électro-jazz, musiques du monde…) ont créé des mélodies dont le rythme et l’orchestration permettent la détente du patient. Après l’écoute, le patient « verbalise » son ressenti, entraînant de fait une meilleure communication entre le malade et le personnel hospitalier.
TECHNOLOGIE
Lauréat : Dr Régis Logier, Dr Mathieu Jeanne et Pr Benoît Tavernier – CHRU de Lille
Un nouveau moniteur pour évaluer l’état de douleur du patient pendant une anesthésie générale
Au cours d’une anesthésie générale, il est désormais possible d’évaluer la douleur ressentie par le patient. Jusqu’à présent on mesurait le niveau d’endormissement mais les médecins ignoraient l’état de bien-être du patient. Des scientifiques ont mis au point ce moniteur qui permet d’évaluer l’état de douleur du patient en fonction de l’augmentation ou de la diminution du rythme cardiaque. En clair, selon les fluctuations rythmiques cardiaques, les anesthésistes peuvent décrire avec précision l’état de bien-être du patient et analyser les différentes étapes de la chirurgie : incision, section osseuse musculaire, etc… Grâce à cette technique, les médecins peuvent administrer les justes doses d’anti-douleurs morphiniques et éviter ainsi les risques de sous ou de sur dosage. Le patient a de ce fait moins de mal à se réveiller et souffre moins des effets secondaires de l’anesthésie générale.
Nominé : Dr Jean-Paul Fournier et Pr Daniel Benchimol – CHU de Nice
Centre de Simulation Médicale pour l’apprentissage des étudiants en médecine
Les étudiants en médecine manquent souvent d’une expérience de terrain où ils se voient confier l’entière responsabilité d’un patient. Et pour cause, il serait inacceptable d’exposer les malades à une erreur médicale liée à leur inexpérience. C’est ce genre d’impasse éducative que résout le système mis en place par le Dr Fournier et le Pr Benchimol à Nice. Le Centre de Simulation Médicale confronte les étudiants dès la troisième année à la gestion de patients arrivés aux urgences dans des conditions hyperréalistes. Trois à quatre élèves s’occupent d’un faux patient (un mannequin-robot) dans une salle d’opération reproduite à l’identique. A l’aide d’un micro, le professeur, installé derrière une vitre sans tain, incarne successivement le patient, les divers services de l’hôpital, voire la famille du malade. Dans un temps limité, les étudiants doivent stabiliser le malade, le diagnostiquer et prescrire des remèdes. Le Centre de Simulation comprend également des simulateurs d’opération qui permettent aux élèves chirurgiens d’apprendre la manipulation des instruments chirurgicaux.
Nominé : Dr Alain Michault et Dr Frédérik Staikowsky – CHR de la Réunion
Chikungunya, Dengue et West Nile : un test de détection et quantification simultanées des virus
L’épidémie de Chikungunya, qui a touché la Réunion en 2006 (45 000 infectés par semaine au mois de Février), a démontré la nécessité de développer un test rapide et efficace pour identifier la maladie chez un patient. C’est d’autant plus nécessaire qu’il y a un risque de confusion avec d’autres maladies tropicales. La Dengue et le West Nile, par exemple, présentent des symptômes similaires au Chikungunya. Le Pr Michault a conçu un test dont les résultats sont disponibles en deux heures trente. Il permet d’identifier, non seulement le Chikungunya, mais aussi le West Nile et la Dengue. Pour cette dernière, il indique même le type de Dengue auquel le praticien est confronté. Avec la diffusion de ce test à tous les pays voisins de l’Océan Indien, l’Ile de la Réunion gagne un temps précieux dans la préparation d’une éventuelle épidémie sur son territoire.
RESEAUX DE SOINS
"Le réseau de soins est au coeur d’un travail collectif. C’est le CHU à la campagne : une réponse au besoin de maillage du territoire et aux problèmes de démographie médicale." Patrick Guillot, Directeur Général du CHU de Strasbourg.
Lauréat : Pr Maurice Giroud – Réseau Bourgogne-AVC – CHU de Dijon
Un nouveau réseau bourguignon de soins, de formation et d’évaluation dédié aux Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC)
Nominé : Pr François Golfier et Pr Daniel Raudrant – CHU de Lyon Sud
Un nouveau réseau régional et national pour une meilleure prise en charge des maladies trophoblastiques gestationnelles
Les maladies trophoblastiques sont des pathologies rares qui atteignent des femmes enceintes dont la grossesse a échoué. Ces femmes portent un môle hydatiforme (sorte de foetus non viable) qui peut entraîner une tumeur cancéreuse. Trop rarement exposé à ces cas, le corps médical les a souvent mal traités et mal diagnostiqués. L’intérêt du réseau, composé de 22 centres d’expertise régionale des MTG, est d’inciter les médecins à partager leurs compétences avec le Centre de Référence National du Pr Golfier à Lyon. Au moindre doute, les médecins s’adressent à un centre intermédiaire de leur région qui, lui-même, sollicite le centre de Lyon. Un réseau d’anamopathologistes est mis à leur disposition alors que l’équipe du Pr Golfier centralise et redistribue les données permettant d’évaluer l’évolution de la maladie. Au final, un traitement adapté des maladies trophoblastiques entraîne une guérison dans 99 % des cas. Guéries, ces femmes peuvent avoir des enfants.
Depuis leur création, les Victoires de la médecine bénéficient du soutien de Sanofi-Avantis et depuis deux ans de Medtronic.