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Octobre 2019 : Tensions et colère restent vives à l’hôpital public

Le mois d’octobre est dominé par les nouvelles annonces d’Agnès Buzyn en matière de protection sociale et de soutien aux aidants. Beaucoup d'articles sont également consacrés à la vaccination contre la grippe, ou au lancement de l’expérimentations du cannabis thérapeutique. Mais la crise de l'hôpital perdure et nombre de journalistes reviennent sur les tensions au sein des services. Chiffres à l’appui.

Le mois d’octobre est dominé par les nouvelles annonces d’Agnès Buzyn en matière de protection sociale et de soutien aux aidants. Beaucoup d’articles sont également consacrés à la vaccination contre la grippe, ou au lancement de l’expérimentations du cannabis thérapeutique. Mais la crise de l’hôpital perdure et nombre de journalistes reviennent sur les tensions au sein des services. Chiffres à l’appui.  

A l’hôpital, la colère gronde  

Du côté de l’hôpital, les tensions restent vives. Le 11 octobre, Libération revient sur l’appel à manifester du 14 novembre : « Plusieurs centaines de médecins et personnels soignants du «collectif inter-hôpitaux» ont décidé d’organiser « une grande manifestation » le 14 novembre à Paris «pour obtenir un plan d’urgence pour l’hôpital public». 
Six jours plus tard, le Parisien nous apprend que, selon une étude de la Drees, 17 500 lits de nuit ont été fermés en six ans à l’hôpital. « Selon les statistiques du ministère de la Santé, l’hôpital a perdu 5,3 % de ses lits depuis 2013. À eux seuls, les établissements publics en ont perdu 13 631. La suppression de lits à l’hôpital est depuis plusieurs mois au cœur des conflits qui agitent le monde de la santé. »  Le 24 octobre, Les Echos indiquent que « Les rémunérations progressent faiblement à l’hôpital ». « Le salaire net moyen a augmenté de 0,3 % en euros constants en 2017 dans la fonction publique hospitalière, et s’établit à 2.288 euros net par mois, selon l’Insee. Cette année-là, il a pourtant été soutenu par la revalorisation du point d’indice et par le protocole sur les carrières. » Le même jour, Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, alerte le gouvernement sur l’importance de réformer les hôpitaux et lance sur RTL : "On va vers une mort lente de l’hôpital". « Les députés examinent toujours les lois à propos du financement de la Sécurité sociale pour 2020, mais le gouvernement à d’ores et déjà mis un veto sur toute augmentation de l’enveloppe destinée à l’hôpital et demande au secteur une économie de 800 millions d’euros. "C’est un peu la douche froide cette décision et la manière dont on traite l’hôpital à travers cette loi de financement de la sécurité sociale", réagit Frédéric Valletoux. "La santé a un prix, en France c’est 200 milliards d’euros", une somme suffisante pour "bien soigner les Français", mais "il y a des réorganisations, dans cette enveloppe de 200 milliards d’euros, à faire", estime-t-il. Emmanuel Macron a en effet déclaré qu’il y avait 30% de dépenses publiques inutiles dans le secteur hospitalier. Pour l’invité du jour, "Il n’y a pas besoin de plus, il y a besoin de dépenser mieux". 
"L’intention politique aujourd’hui, ce n’est pas de tuer l’hôpital, mais dans les faits on va vers une mort lente de l’hôpital et ça ce n’est pas acceptable", alerte Frédéric Valletoux. Agnès Buzyn s’était toutefois voulu rassurante sur France TV Info le 22 octobre, appelant à la patience : « Toute mon action vise à soulager l’hôpital, notamment l’hôpital public. Nous avons commencé par une réforme, qui s’appelle "Ma santé 2022", dont le texte de loi a été voté au mois de juillet, qui vise à mieux organiser la médecine de ville et mieux structurer les hôpitaux publics sur le territoire. Mais c’est un texte qui ne répond pas à l’impatience, aujourd’hui, des services et des soignants, parce qu’il se met en place sur une période de trois ans. Et face à l’appauvrissement de l’hôpital public depuis des années, aux difficultés croissantes, il faut répondre à l’urgence. J’ai commencé par des mesures qui ont été présentées dans mon Pacte de refondation des urgences, au mois de septembre, des mesures très concrètes avec un budget pour recruter du personnel, notamment, pour décharger les urgences en amont, et en aval mieux réguler les lits, trouver des places dans les hôpitaux, recréer éventuellement des unités. Mais, il faut aussi travailler sur l’investissement. Les soignants ont besoin d’un outil de travail de qualité. Nous travaillons sur l’investissement courant : les machines, les plateaux techniques, les lits. C’est le premier axe. Le deuxième, c’est l’attractivité des carrières : comment fidéliser les personnels, comment reconnaître, valoriser les personnels tout au long de leur carrière. Et puis le troisième axe, c’est un budget que d’ores et déjà je travaille pour 2020, qui est contenu dans ce projet de loi de financement de la sécurité sociale et qui est un budget en hausse ».

Vaccination contre la grippe

En cette période de vaccination contre la grippe – le coup d’envoi de la campagne a été donné le 15 octobre -, une étude publiée le 21 octobre « montre que les personnels de santé sont peu enclins à se faire vacciner ». Comme le commente Ouest France : « seuls 35,4 % des professionnels de santé en hôpital et en clinique étaient vaccinés l’an dernier en France métropolitaine, note Santé publique France, dans une enquête menée dans 167 établissements. Pourtant, la vaccination contre la grippe saisonnière fait partie de celles recommandées pour les soignants, pour réduire la transmission du virus à leurs patients, en particulier les plus fragiles ». Dans ce contexte, l’initiative du CHU de Rennes a valeur d’exemple. L’établissement a réussi à augmenter de 37% le taux de couverture vaccinale de son personnel en concevant une campagne sur mesure qui s’appuie sur les motivations des personnels et lutte contre les idées reçues. Explications sur Réseau CHU. 

Faciliter l’accès aux soins des plus démunis

A partir du 1er novembre 2019, l’Aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS) sera supprimée et la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) étendue pour devenir la Complémentaire santé solidaire (CSS). « Le 15 octobre, lors de la présentation de ce dispositif destiné aux personnes aux revenus modestes, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a indiqué : « Notre objectif est que plus personne ne renonce aux soins pour des raisons financières et que la santé pour tous ne soit pas juste un slogan », relève mutualiste.com. « Les aides complémentaires à l’accès aux soins sont désormais rassemblées sous une même bannière. Ce nouveau contrat, avec ou sans participation financière, est plus lisible et ses garanties sont plus couvrantes », note pour sa part Le FigaroUne autre avancée relevée par la presse concerne les aidants de personnes malades. « Les aidants qui soutiennent un proche pourront bénéficier d’un congé indemnisé », titre Ouest France le 25 octobre.  « L’un des dispositifs les plus importants du plan figure dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) en cours d’adoption au Parlement. Il prévoit l’indemnisation du congé que prendra un salarié qui interrompt son activité professionnelle pour s’occuper d’une personne handicapée ou âgée. Il sera indemnisé à hauteur de 43 euros par jour s’il vit en couple et 52 euros s’il est seul », complète Le Monde le 23 octobre. 

Expérimentation du cannabis thérapeutique

Retenons enfin que les députés ont adopté le 25 octobre un amendement pour expérimenter le cannabis thérapeutique. « Pas question toutefois d’autoriser le "joint médical". Le cannabis sera prescrit sous forme inhalée ou ingérée. Des tests devraient débuter à l’hôpital de La Timone, à Marseille », explique France 3 Régions.      
Hélène Delmotte

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