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Touraine-Val de Loire : un GHT qui reconnait la place de chacun de ses membres

Les lois qui régissent les relations entre un CHU et le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT), dont il est l’établissement support, et celles qui encadrent ses liens avec les autres GHT de sa région, dont il est l’établissement associé, méritent un décryptage. L’explication de texte a été confiée à Patrick Faugérolas, Directeur adjoint au CHU de Tours.
Les lois qui régissent les relations entre un CHU et le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT), dont il est l’établissement support, et celles qui encadrent ses liens avec les autres GHT de sa région, dont il est l’établissement associé, méritent un décryptage. L’explication de texte a été confiée à Patrick Faugérolas, Directeur adjoint au CHU de Tours.
Comment avez-vous envisagé la création du GHT Touraine-Val de Loire ?
Patrick Faugérolas : Le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) Touraine-Val de Loire a, dès sa constitution, bénéficié d’une coordination conjointe administrative et médicale. Cette organisation voulue par la directrice générale du CHU, Marie-Noëlle Gérain Breuzard dès 2015 a permis à un directeur d’hôpital et à un médecin de santé publique à temps partiel de travailler ensemble à l’élaboration du projet médical, base de tout GHT. Cette approche complémentaire marque à la fois l’ouverture et la volonté de créer une dynamique constructive. La composition du collège médical reflète cet état d’esprit. Pour sa constitution, nous avons tenu compte de la différence de moyens et de taille, et les sièges n’ont pas été répartis à la proportionnelle cela afin d’éviter une prédominance trop forte du CHU qui aurait crispé les praticiens des autres établissements. Nous avons veillé à ce que tous les établissements membres du GHT soient représentés car chaque structure possède sa légitimité, son ancrage, une histoire et un développement qui lui sont propres et qui doivent être respectés. Il ne pouvait s’agir ni de modéliser une organisation, ni d’appliquer de façon autoritaire des règles de fonctionnement qui seraient perçues comme une remise en cause de l’autonomie des établissements et une ingérence du CHU. 
Comment définissez-vous le rôle du CHU dans cette nouvelle organisation ?
Patrick Faugérolas : Du fait de ses moyens, de ses expertises et de ses liens avec l’Université et la Faculté de Médecine, le CHU veille au maintien du maillage territorial en lien avec les hôpitaux et accélère le travail en commun des équipes. Sur certains territoires, ce lien est essentiel au regard de l’offre privée et du nombre limité de médecins libéraux et l’hôpital reste le seul recours de soins spécialisés. Le CHU soutient les activités, rationalise et harmonise les pratiques pour que les patients aient tous accès à des soins sécurisés et de qualité. En ce sens, le CHU se conçoit davantage animateur de réseaux que tête de pont. Etablissement support, il assure la mutualisation des fonctions achats, systèmes d’information et formation et du DIM. A l’actif du GHT Touraine-Val de Loire, nous pouvons citer des projets très avancés ou en cours de développement en matière de politique d’achats commune, de livret thérapeutique commun, de gestion de parc commun d’équipements et de dossiers patients bientôt partagés. Il revient aussi au CHU d’anticiper les besoins, de préparer l’avenir et pour cela de faire évoluer les organisations en fonction des progrès médicaux et technologiques. Ce travail d’adaptation permanent passe par des rencontres régulières entre les équipes médicales du CHU et celles des établissements du GHT. Elles se déroulent selon un protocole précis et pour optimiser le temps « trajet », la visioconférence est en cours d’installation dans tous les établissements dans le cadre d’un projet Télémédecine en cours de développement. 
Cartographie des établissements membres, associés et partenaires du GHT Touraine-Val de Loire ©CHU de Tours

De manière tangible, que ressort-il de ces liens renforcés ? 

Patrick Faugérolas : Concrètement, le CHU soutient la maternité de Chinon qui aurait fermé sans son intervention. Les directions communes avec Chinon, Loches, Luynes et Louis Sevestre ont été des éléments positifs pour le maintien, voire l’élargissement et la consolidation de l’offre de soins. A l’actif du GHT, on peut citer entre autres les 60 médecins en poste partagé qui exercent sur les différents sites, le déploiement d’externes sur le site du CH de Chinon, la prise en charge de la biologie au CHU de Tours qui permet un meilleur traitement des analyses selon des standards de qualité élevés pour l’ensemble des centres hospitaliers du GHT. Si les patients ne voient pas ce travail de structuration, ils peuvent d’ores et déjà constater la diminution du nombre d’aller-retours entre les différents sites, du fait d’une meilleure organisation entre les membres du GHT. Ainsi, en revoyant le circuit des urgences neurovasculaires entre le CH de Chinon et le CHU, nous avons réduit en moyenne d’1h30 le délai des prises en charge d’urgence des personnes victimes d’un AVC. Concernant les patients diabétiques au sein de la région, un projet de télésurveillance se mettra en place. Grâce à cette connexion, un suivi à distance sera établi entre le patient et l’équipe qui interprètera les données et adaptera le traitement au plus près de l’évolution de la santé du patient, lui évitant de se déplacer en consultation. Ce projet se couplera avec l’ouverture d’un centre de diabétologie ambulatoire au CHU. En psychiatrie, une unité dédiée aux adolescents souffrant de refus scolaire anxieux a été ouverte. Elle travaille avec l’ensemble des consultations psychiatriques. Quant aux seniors résidant dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) membres du GHT, la mise en place d’un système d’astreintes infirmières et médicales envisagé avec le service de l’hospitalisation à domicile (HAD) en point d’appui dans le cadre d’un appel à projet porté par l’ARS va permettre de réguler et de limiter les transferts vers les services d’urgence. Enfin l’amélioration des transmissions entre les établissements a permis de réduire le nombre d’allerretour entres les établissements, notamment entre les services du CHU et l’unité SSR du CH de Luynes. 

Quels sont les projets du GHT Touraine-Val de Loire ? 
Patrick Faugérolas : L’ambition du GHT est de s’ouvrir à tous les partenaires, professionnels de santé libéraux et pour cela nous nous rapprochons des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des maisons de santé et des structures médico-sociales… Il s’agit d’un prolongement logique de notre travail de coordination avec les établissements car comment réfléchir sur la prise en charge de la personne âgée, par exemple, sans les Ehpad et sans le secteur médico-social ? Afin de faciliter cette ouverture et les échanges entre professionnels, un projet d’annuaire partagé des médecins séniors est en cours de préparation. Dix-huit structures privées et publiques ont rejoint les 15 membres historiques du GHT Ce qui fait du GHT Touraine-Val de Loire, l’un des plus imposants avec 33 établissements.

Qu’en est-il du rôle du CHU, établissement associé des GHT de la région ? 
Patrick Faugérolas : Le CHU a là aussi pour missions de renforcer les liens existants et de développer des projets partagés afin de consolider l ‘offre de soins régionale. Il lui revient aussi d’organiser les filières de formation et la recherche. Le problème de démographie médicale étant crucial en région Centre-Val de Loire, des conférences hospitalo-universitaires sont organisées chaque année à l’initiative du CHU de Tours, de la Faculté de Médecine, de la Fédération Hospitalière Régionale et de l’ARS avec les six établissements supports des GHT de la région. Des ateliers organisés par discipline universitaire recensent les besoins de recrutement en internes et jeunes seniors et abordent la question des carrières et de l’attractivité de ces établissements pour les professionnels. La faculté de Médecine va en effet jouer un rôle d’encadrement pédagogique de la formation initiale et continue et promouvoir une politique de formation coordonnée et innovante. 

Comment le CHU soutient-il les GHT de la région dans les domaines de la recherche et de l’enseignement ? 
Patrick Faugérolas : Ces mêmes conférences hospitalo-universitaires permettent également de mener une réflexion dans le domaine de la recherche et de l’enseignement et réunissent chaque année le coordonnateur universitaire d’une discipline de la faculté de médecine et les chefs de service de cette discipline au sein de chaque GHT. Il s’agit de fixer ensemble des objectifs et un plan d’action régional en matière de la démographie et de ressources médicales, de parcours des patients, de recherche clinique et d’enseignement. A ce titre, le CHU de Tours va aussi promouvoir des services supports à la recherche clinique (statisticiens, attachés de recherche clinique…). Autant de ressources rares et coûteuses qui, mises au service des investigateurs, favoriseront la collaboration entre chercheurs. Par ailleurs les établissements supports du GHT de la région sont désormais membres du Comité de recherche biomédicale et santé publique (CRBSP). Enfin en matière d’enseignement, un « Collégium Santé » qui regroupe la faculté de médecine et l’ensemble des écoles paramédicales, développera des outils pédagogiques communs : simulation, Moocs, enseignements partagés entre médicaux et paramédicaux, etc.. ». 

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